ce n'est qu'un au revoir...
Adieu Estelle,
Ne t'en fais pas, j'irais nourrir ton poisson rouge..
C'est toujours les meilleurs qui partent...sniff
Femme des années 80, femme jusqu'au bout des saints
Je ne vais pas repréciser que la receptivité n'était pas un indice d'impuissance. En revanche, elle n'est force que dans un second temps. Sa puissance n'est pas immediate.
En fait il faut savoir de quelle Femme on doit parler. Je prolonge à ce propos ma thèse en revenant à l'origine de la définition de la Femme.
la Genèse nous apprend (de façon toujours symbolique) qu'au départ Adam fut créé. Ensuite Dieu créa Lilith de la même manière qu'Adam, CAD avec des matériaux indépendants. Constatant à quel point Lilith n'était pas en harmonie avec son conjoint, Dieu décida de parfaire la femme (une nouvelle Eve) en la recréant à partir d'un élément d'Adam, afin d'assurer une cohésion charnelle plus efficace. Lilith, elle, fut relégué au rang de créature déchue représentée avec un ventre creux (métaphore de sa stérilité à enfanter).
Que peut nous apprendre une telle fable? l'identité initiale de la Femme (respectivement représentée par Lilith) n'a pu faire sa place au même rang qu'Adam. La place de la primauté était déjà prise. Ainsi fut-elle condamnée à un rôle de second ordre. Aussi par extension, l'émancipation de la Femme française à la fin des années 60, illustre peut-être un retour à sa matrice génétique (Lilith).
Fatiguée par son rôle d'Eve, la femme veut se retrouver égale d'Adam. L'écueil d'une telle démarche, c'est que si l'identité d'Eve est marquée par des millénaires de jalons, celle de Lilith n'existe pas. Comme l'illustre son ventre creux, Lilith ne peut pas exister de façon charnelle. Seul son esprit, l'idée de Lilith, a une réalité, mais sans concrétisation.. En ce sens la dynamique féministe n'est mûe que par un idéat qui n'a jamais encore trouvé quelqu'incarnation.
à part peut-être Madame Thatcher
Suite...
En passant par une Femme historisée, on pourrait en arriver là. Mais je ne pense pas que la femme ait une histoire à proprement parler. j'entends que bien sûr elle est passée par des modes différentes, sa conditions et son statut ont évolué avec les moeurs et la Femme possède sans aucun doute sa propre histoire.
Néanmoins, dans une perspective d'un développement de l'esprit (dans une histoire hégelienne), l'évolution n'est plus évidente. Je parle de l'évolution de l'identité de la Femme vis-à-vis d'elle même, son positionnement par rapport à elle-même. Si toute histoire est téléologie, si elle doit se définir par rapport à un but. Quel serait le but pour la Femme?
Celui de l'Homme n'est pas plus évident. Il participe cependant à un progrès de l'Histoire (progrès sous sa forme chronologique, et non axiologique). Du cadre du simple instrument d'une volonté macroscopique à celui de "grand Homme", l'Homme est présent sur le premier plan de la scène. La Femme, elle, n'a pas encore défini son but, sa raison. Assistante de l'ombre des grands hommes? receptacle des fletrissures des grandes croisades? Mais rien de décisif.
En fait ma problématique se situerait sur le plan du Conatus (pour reprendre un concept Spinozien). Je rappelle que le conatus est cette faculté de persévérer dans son être tel qu'il nous appelle à nous épanouir. Si le conatus de l'Homme peut apparaitre comme primaire (cf. les mythes de la virilité), je reprocherais à celui de la Femme de ne pas apparaître. Si tant est qu'il existe...
Phallocentrisme, Jacobsen
Monsieur Januscream,
Votre idée sur l'invisibilité de la femme dans l'espace public a une certaine pertinence. Sur le plan phénoménologique, la femme n'existe effectivement pas (ni avant les années soixantes comme moitié complémentaire du mâle tutélaire, ni après, comme une Lilith symbolique condamnée à la stérilité-entendre aussi bien stérilité biologique que métaphysique). Elle est, pour reprendre Sartre, dans la pure contingence, c'est à dire sans la nécessité d'être là. Paradoxe ? Disons plutôt contradiction dans les termes : les essentialistes ont bien mis en évidence l'idée d'une pensée masculine fondée sur des a priori qui sont des survivances d'une domination physique et, mieux, d'une violence symbolique. Frazer et Hocart ne sont pas loin de ce concept de survivance, prudence donc, car les grands théorisateurs sont encore des hommes. Que doit-on en conclure ?
Je vous renvois aux Mots et aux choses de Foucault afin de régler ce problème (je reprend sa réflexion, non pas ses idées ici, je tiens encore à le préciser) : le fait que les femmes aient de tout temps été rabaissées, diminuées dans cette condition (Lilith a été il me semble "éloignée" des anciens testaments par les juifs) est le fait de leur assujetissemnt sur le plan sémantique, idéologique, religieux, etc... .
J'émettrais peut-être une réserve sur la vision catégorique que vous semblez avoir de l'univers féminin : on sous-estime trop souvent l'implication des femmes parce que nous les pensons comme des hommes. C'est cette même pensée qui, en faussant nos représentations, et tournant toujours d'avantages sur elle-même, devient une typification non plus seulement admise, mais normative (cf.La construction sociale de la réalité).
Pardonnez moi mais j'ai quelque doute sur votre "foi" philosophique : êtes vous hégélien ? Si c'est le cas, l'adaptation est pour vous un inévitable facteur du progrès. Dois-je vous rappeller qu'Hegel était volontiers ethnocentriste (on ne peut lui en vouloir, la question n'est pas là, il était difficile de ne l'être pas au 18ème siècle et début 19ème)...je n'accuse pas le phallocentrisme mais je crois en la vérité de ce "continent noir" dont parlèrent les détracteurs du complexe d'Electre.
Je vous conseille vivement (si ce n'est pas déjà fait) le fameux Niels Lyhne qui, s'il est un livre d'une hauteur poétique incontestable, est, aussi surprenant que cela puisse paraître de la part d'un botaniste renommé de la fin du 19ème siècle, un roman sur la féminité, celle que nous brisons à force de l'élever sur un piédestal, et qui se meure incarcéré dans le meilleur des mondes masculins, tandis que leurs rêves de grandeurs s'étiolent doucement et meurent. Niels Lyhne de Jens Pieter Jacobsen, collection Cosmopolite (cf.Rilke en parle avec beaucoup d'enthousiasme dans ses Lettres à un jeune poète).
Dans l'attente d'une réponse,
Cordialement