Le "je-ne-sais-quoi" et le "presque-rien"
Parallèlement au livre magnifique de Jankélévich, une question très ténue quasi illégitime se pose:
Y a-t-il un espace de non-vérité dans le discours philosophique?
Peut-on reconnaître dans les interstices du discours spéculatif une zône de non-droit pour la raison, zône qui se révèle pourtant étrangement féconde d'éléments de connaissance?
Ce je-ne-sais-quoi, ce "presque rien" qui fourmille entre la caverne platonicienne et le monde des idées, un monde limbique entre l'Enfer et le Paradis?
L'Amour, chose légère? il pique telle une ronce!
Chère Baruchette,
Il est certain que la philosophie fait transpirer à l'homme des émotions mesurables. Néanmoins elle est répute pour être une discpline ne laissant pas place aux sentiments trop "antinomiques" dirons-nous..
Qu'on m'apporte une biographie de Kant le montrant complètement pinté..... mais qu'on me fasse une peinture rupestre de Socrate et d'Agathon à poil sous la table du banquet....
Si la philosophie se veut étymologiquement être Amour de la sagesse, la philosophie peut-elle être Amour de..? Ne la-t-elle pas dédaigné au profit du plaisir de la joute oratoire depuis son "académisation"? La philosophie n'est-elle pas plutôt née en réaction à la sagesse?
De la je réitère ma question qui vient faire écho à mon 2e forum: Philosophie et sagesse sont-elles superposables? Ou y-a-t-il un intervalle entre les deux favorisant la possibilité d'admettre que toute vérité n'est pas du ressort de la philosophie? Partant la sagesse serait-elle apte à offrir des éléments de connaissance?
Sages contre Philosophes......
Trop pour n'être pas assez
Chère Estelle,
Voilà tout à fait où je voulais en venir. La pensée asiatique (confucéenne et taoïsante surtout) a toujours ignoré l'impact de la joute philosophique. Restée épargnée par nos incessantes guerres de princes inféodés, elle a développé depuis 2500 ans un terreau fertile de sagesse.
loin de toute préoccupation d'ordre sophistique, elle a engendré une reflexion sur la VIE dans la simplicité de ses éléments et dans la complexité de leurs manifestations. Bouddhisme mis à part, l'Asie extrême orientale a pensé comme un enfant pourrait le faire devant le Monde: simplement et modestement..
Patiemment elle a élaboré non pas des systèmes de connaissance correspondant à des écoles de pensées rivales, mais des perles qu'on unit par enfilement, comme autant de petits radeaux partant non pas vers l'Inconnu, mais vers la VIE dans son approche la plus basique.
Ainsi l'appellerait-on "sagesse" car elle livre des perles trop ténues pour être considérées comme épistémologiquement quantifiables, mais trop brillantes pour ne pas être remarquables..
Que fait-on des recettes aujourd'hui chez nous autres occidentaux? On ramène le sage au statut de Mac Gyver ou on en fait de la potée pour Maïté...
Aussi pour eux la "vérité" (s'il y en a une) correspond à sa définition basique d'adéquation entre "Rei et intellectus".. Une chose vraie sera celle qui est EFFECTIVE. Une pensée "vraie" sera une pensée EFFICACE. Pas de Métaphysique, mais une physique complète, qui embrasse à la fois la réalité du monde phénoménal et son fondement dans ses plus invisibles racines....
Pas de Vérité pour rassurer dès lors car toute vision du Monde a perdu de son enchantement..tragédie et romantisme s'effondrant sur une vision apaisée.....