Bac blanc 2018:Qu'est-ce que penser? Penser par soi-même?
Une balance intérieure:
Le verbe penser a une origine latine: pensare signifie peser. Peser c'est déterminer un poids par un rapport à un autre poids connu.
Au sens propre cela revient à comparer, à mesurer, à peser. Dans tous ces actes, il y a un projet de vérité, d'ajuster correctement une mesure à des objets donnés. Ce projet de vérité se retrouve dans tout acte de penser.
Au sens figuré cela revient à donner une valeur à un jugement: Ce n'est pas n'importe quel jugement spontané car on a pesé le pour et le contre ce qui permet de se déterminer pour ce qui a le plus de valeur. Penser devient alors un acte, un mouvement animé par le souci de justice: un bon juge n'est-il pas celui qui écoute chaque partie avant de choisir, de décider pour ce qui lui paraît fondé en raison.
Ainsi, dans une dissertation, le mouvement de la pensée se dirige vers un jugement éclairé (troisième partie) en instaurant une démarche de dialogue qui permet de peser le pour et le contre ( deux premières parties ). C'est le plan dialectique qui est "la voie royale de la dissertation" selon Jacqueline Russ. Mais ce mouvement est la conséquence d'un dialogue intérieur dans lequel vous vous interrogez en interrogeant et en répondant.
C'est l'acte de penser dans lequel c'est le même qui interroge et qui répond, qui sait poser le problème et chercher une réponse, une solution, adéquate, bien ajustée à ce qui est et justifiable par des raisons. Penser c'est donc bien s'orienter vers la vérité et vers la justice.
Parce que ce mouvement a pour origine le sujet, en toute rigueur, on ne peut donc penser que par soi même. Répéter le mouvement accompli par un autre, ce n'est pas penser mais comprendre le sens, la signification et l'orientation d'un acte effectué par un autre. Voilà pourquoi copier les plus sublimes pensées, ce n'est pas penser, c'est saisir une pensèe.
En réfléchissant sur ce qui vient d'être dit, vous devinez comme un fait peu contestable que nous pensons en nous parlant intérieurement, et que, sans cet échange, cette balance intérieure, nous ne penserions pas.
Comment penser à l'arbre en général sans le concept (ce avec quoi je prends une diversité sensible, par exemple des images d'arbres que je vois et qui sont distinctes) , le mot qui prend ensemble la totalité des arbres par l'abstraction de quelques caractéristiques communes?
Si bien que, quand je ne pense pas je ne me parle pas, et quand je ne me parle pas, je ne pense pas.
Demander brusquement à un proche: à quoi penses-tu? C'est toujours lui demander: quel discours intérieur es-tu en train de conduire?
A SUIVRE
Bac2018=> Peut-on revendiquer ses droits sans consentir à ses devoirs?
Deux atouts majeurs pour cette dissertation:
1) "Le candidat peut se sur le plan juridique, ou sur le plan moral, ou sur le plan de la seule possibilité de fait: on valorisera lui qui aura vu cette pluralité d'interprétations possibles dans son effort pour définir "peut-on.."
2)On appréciera la copie qui aura vu que le sujet comporte :
a) L'opposition droits/devoirs. mais aussi:
b). l'opposition / revendiquer consentir
c) et aussi aura cerné le terme consentir et singulièrement "consentement".
Tout candidat doit avoir le souci de bien préciser les concepts qu'on emploie ,distinguer les sens divers sans les mélanger.
Tenir compte de cela donne de bonnes chances de succès.
Au fait, Qu'est-ce qu'un fait?
Nous avons vu que une affirmation cohérente doit être confrontée à l'expérience, à la réalité .
Introduction:
a)L'opinion n'aime pas la théorie et affirme: "C'est beau en théorie mais en fait il en va tout autrement."
b) Une objection est opposée par les sciences:Le fait scientifique suppose une théorie.
c)Dans ces conditions il nous faut cerner l'articulation entre la théorie et les faits.(= problème)
A) L'expérience:
a)
Peut-on parler de faits sans que cela implique une théorie?
Citation:
. Attention:un effort de distinction valorise une copie : ici distinguer l'expérience sensible et l'expérimentation . Les rapprocher: tout est construit , inconsciemment (exp. sensible, consciemment, expérimentation. Rien n'est "donné"
Introduction:
opinion>=objection=>problème
a) L'opinion a horreur des théories "fumeuses":On l'entend dire: C'est beau en théorie, mais ,en fait, il en va tout autrement."
b) Pourtant les sciences affirment qu'elles impliquent et des des théories et des faits, contredisant ainsi l'opinion.
c) la question de la question , le problème est donc: comment s'articulent théorie et faits? Plus précisément :quel est leur rôle respectif .
=> Appel au cours.
1) L'expérience sensible:varie en fonction du sujet (les uns ouvrent les fenêtres, les autres les ferment). L'image -ou forme sensible d'un objet- ne renvoie qu'à elle-même c'est à dire à une vision colorée par l'affectivité, les croyances, les habitudes, les connotations des mots, qui produisent un monde tel que je suis et non tel qu'il est: dire que la lumière éclaire c'est parler de soi, d'un effet. On peut bien voir plusieurs sources lumineuses, leur structure n'apparaît pas dans l'expérience sensible et l'effort pour les unifier reviendra toujours à leur attribuer une caractéristique du sujet (elles éclairent) et non de l'objet. Croire que l'on ouvre la porte du laboratoire pour "observer la nature" c'est se préparer à bien des déceptions au point que Bachelard affirme que les difficultés de compréhension en physique viennent chaque fois que nous restons accrochés à l'expérience sensible qui ne permet jamais de déduire autre chose que la diversité d'un animisme naïf: la planche nage, ou même résiste si on essaie de l'enfoncer dans l'eau.
- L'expérience sensible parce qu'elle n'est jamais pure réceptivité mais projection dans un monde d'un sujet constructeur porte la marque d'une activité qui ordonne une réceptivité: mais cette activité, constructrice d'un monde d'objets ( de faits
) dans lequel le sujet ne retrouve que ce qu'il y a mis, ne s'apparaît pas à elle-même en tant qu'activité: elle est spontanéité.
2) L'expérimentation implique une théorie :
Comme l'expérience sensible, l'expérimentation est synthèse d'activité et de passivité, construction d'un objet, un fait, mais cette synthèse est consciente d'elle-même : elle cherche à obtenir expérimentalement une observation réelle mesurable qui soit une réponse à une question posée en fonction de la théorie que l'on cherche à confirmer. Sans la théorie,donc, il n'y aurait pas de "fait". Autrement dit parler d'un fait implique bien une théorie en fonction de laquelle le fait dont on parle a été construit.
Citation:
."En somme, la maxime selon laquelle on doit rassembler les données sans être guidé par une hypothèse antérieure sur les relations entre les faits qu'on étudie se détruit elle-même, et personne ne la suit dans une recherche scientifique. En revanche il est nécessaire de hasarder des hypothèses pour orienter une recherche." C.G. Hempel, Eléments d'épistémologie, A. Collin p.19
A suivre
Bac 2018: Que gagnons-nous à travailler?
Citation:
. Attention: tout effort de distinction des concepts valorise une copie
gagner: s'assurer un profit matériel mais aussi acquérir, retirer de, conquérir...
travailler: on peut distinguer la forme idéale du travail et ses formes sociales. Voir le cours sur le travail, les formes sociales du travail
Vers le problème:
- Réflexion possible. Tout gain a un prix, si le prix est plus important que le gain, en réalité on perd. Pensez au travail aliéné, inventé, organisé par un autre et profitant à un autre...
Si on perd sa liberté en travaillant, comme être raisonnable sensiblement affecté, on perd tout.
Pour une introduction: point de départ: l'opinion qui ne pense pas. D'une part on gagne un salaire qui arrive à la fin du mois par exemple. Le reste est un sacrifice de tous les appétits. On s'y traîne le lundi matin. Ce qui prouve pour l'opinion qu'on ne gagne rien à travailler, rien d'autre que la satisfaction de recevoir un salaire, c'est que si on gagne au Loto, on ira narguer le patron: la publicité relève elle aussi de l'opinion quand elle nous présente le gagnant en chemise et en culotte courte qui, tel un enfant dépourvu de raison jette à l'eau son emploi.
Un peu de réflexion nous amène à mettre en question l'opinion: peut-on renoncer à ce qui nous humanise sans perdre une perdre une part de notre humanité. Voir le texte de Bataille: travail et morale
Quelques pistes:
= Travailler pour se libérer de l'oppression exercée par la nature (donné naturel extérieur), et du donné naturel intérieur que chacun porte en lui, qui est source de caprice et de passion.
= Travailler pour gagner sa vie? (penser à la liberté économique: si je n'ai pas de quoi payer le prix de mon déplacement, je reste chez moi, malgré moi.
= Travailler pour gagner sa dignité et exercer l'échange grâce auquel chacun se reconnaît en se faisant reconnaître. Penser à Hegel la conscience de soi entre, dans l'oeuvre, dans l'élément de la permanence. Ainsi elle se prouve à elle même sa dignité et elle la prouve aux autres qui peuvent accéder à l'oeuvre.
En résumé:
= le travail est une nécessité: renoncer au travail ne serait-ce pas renoncer à soi même. En effet refuser le travail serait refuser:
sa dignité: en effet le travail définit l'homme comme celui qui refuse le donné intérieur (animalité) et le donné extérieur (la nature).
sa raison de vivre: parce que le travail est une activité qui produit une oeuvre: en quoi l'œuvre est-elle raison de vivre humainement?
la conscience de soi: le travail ne fait-il pas entrer dans l'élément de la permanence la conscience de soi: elle s'extériorise pour ainsi dire. Le travail forme l'homme qui par lui accède à lui même et à la liberté.