Passion et phénoménologie
1) Point de vue de Sartre:
=> "La conscience et le monde sont donnés d'un même coup: extérieur par essence à la conscience, le monde est, par essence relatif à elle. C'est que Husserl voit dans la conscience un fait irréductible qu'aucune image physique ne peut rendre. Sauf, peut-être, l'image rapide et obscure de l'éclatement. Connaître c'est s'éclater "vers", s'arracher à la moite intimité gastrique pour filer, là-bas, par-delà soi, vers ce qui n'est pas soi, là-bas, près de l'arbre et cependant hors de lui, car il m'échappe et me repousse et je ne peux pas plus me perdre en lui qu'il ne se peut diluer en moi -hors de lui, hors de moi. Est-ce que vous ne reconnaissez pas dans cette description vos exigences et vos pressentiments? Vous saviez bien que l'arbre n'était pas vous, que vous ne pouviez pas le faire entrer dans vos estomacs sombres et que la connaissance ne pouvait pas, sans malhonnêteté, se comparer à la possession."
Jean-Paul Sartre, Situation I; (1947)
?
à écouter Sartre, que la littérature emporte, Hume, Bergson, Proust seraient malhonnêtes de parler d'une vie intérieure de la conscience.
Passion et phénoménologie
--Point de vue de Michel Henry et de Merleau-Ponty
Citation:
"La possibilité de la souffrance précisément doit être saisie dans l'être comme possibilité de l'être lui-même, comme identique à l'essence de l'affectivité et prescrite par elle. Que l'existence se découvre originellement souffrante ne tient pas au fait qu'elle est là, injustifiable et non fondée, mais à la nature de son fondement..." Michel HENRY L'Essence de la manifestation -PUF- page 828.
" L'existence au sens moderne, c'est le mouvement par lequel l'homme est au monde, s'engage dans une situation physique et sociale qui devient son point de vue sur le monde". Merleau-Ponty, Sens et non-sens, page 143.
--Point de vue de Joseph:
"Que la pensée existe, que l'existence émerge aussi du -" je pense " , que la pensée échoue à penser l'existence, que nous puissions ,cependant, parler de l'existence signifie que l'existence est une donnée, une passion, un don qui accompagne l'effort de penser par soi-même, comme une grâce, et qui a besoin d'une reprise pour être, comme si l'existence authentique avait pour origine l'acte de philosopher". (Joseph)
Il reste bien entendu que la phénoménologie ne tente pas une physique de la subjectivité . Sa démarche n'est pas celle de Hume, même si il a beaucoup intéressé un phénoménologue.
Ce qu'implique l'expression: "Le monde", pour se rapprocher de Hume
Comment étendre la générosité restreinte à la défense des lois, c'est le problème politique fondamental. Hume, pragmatiste en cela, pensait qu'il fallait intéresser les magistrats à la justice, en les payant bien et en les mettant ainsi à l'abri des tentateurs, de ceux qui voudraient les corrompre en s'adressant à leurs appétits.
Le est un article défini qui détermine une totalité.
Monde désigne cette totalité.
On peut dire le monde des passions mais on peut aussi dire le monde de la raison, certes, mais à une condition qu'il s'agisse de deux totalités distinctes.
Si le monde des passions englobe le monde de la raison , on peut dire simplement le monde des passions, ce qui revient à dire que le monde humain = le monde des passions et vice versa.
Mais alors on réduit l'un à l'autre et on ne multiplie pas les choses et leur cause.
Il devient possible de faire une physique, de mesurer, de calculer et pour tout dire d'expliquer, un peu comme le ciel de Newton. La raison n'intervient plus comme élément perturbateur, ce qui permet mesure et calcul.
Cela signifie qu'il n'y a rien d'autre que des passions:
s'il n'y a rien d'autre que des passions il faudra enrichir les hommes politiques pour qu'ils ne se laissent pas acheter par le premier riche venu!
En politique il sera vain de compter sur le raisonnable ou sur une pure générosité, tout au plus pourras-t-on compter sur une générosité "restreinte" c'est à dire quelque peu intéressée comme par exemple celle qu'on a envers des proches, des voisins ou ceux dont on attend un retour.
Ceci parce que ce sont les passions qui poussent à agir et à construire un élément du monde et non les raisonnements bien conduits par la raison pratique, l'impératif catégorique, la morale pure de visées intéressées dont le peuple se moque.
Citation:
"La raison est, et elle ne peut qu'être, l'esclave des passions; elle ne peut prétendre à d'autre rôle qu'à les servir et à leur obéir." Hume, Traité de la nature humaine, II.
=>OPTIQUE première : Pour Hume, la raison n'est donc qu'une chambre d'enregistrement parce qu'elle relève des idées et des jugements, pâles reflets des impressions et des émotions.
http://forum.philagora.net/showthrea...et-deux-textes
Ce qui perturberait la superbe de Hume ce serait l'infini, l'absolu, ce qui a sa raison d'être en soi. L'impératif catégorique de Kant.
Dans l'infini y aurait-il ce qui déborde le monde? ou le monde qui déborde à la manière d'un horizon ou d'un être de fuite?
Citation:
En physique comme en astrophysique l'infini pose problème.
Hume , Dissertation sur les passions, Optiques 1,a-b-c ,2 a-b.....
OPTIQUE 1 a
Hume a été inspiré par le scepticisme antique sans pour cela se laisser entraîner jusqu'au doute absolu: il campe plutôt sur une position qui consiste à affirmer que la croyance prend une grande part dans le savoir. En affirmant, Hume échappe au scepticisme absolu.
Il reprend le projet de Newton avec pour objet la nature humaine: avec Newton il se méfie des hypothèses hasardeuses et des prétention dogmatiques de la métaphysique, ce qui revient à donner le premier rôle à l'expérience comme origine des idées:
les idées ne sont que les copies des impressions sensibles.
L'association des idées relève de l'habitude, de l'expérience d'abord parce que les idées sont les traces, amorties pour ainsi dire, des impressions sensibles et ensuite parce que leur association naît de l'habitude comme expérience d'une consécution entre les impressions sensibles.
Comme dans le ciel de Newton des lois d'attraction commandent le ballet intérieur des idées, selon la contiguïté, la ressemblance ou encore la causalité par laquelle l'effet évoque la cause aussi bien que la cause évoque l'effet.
Hume s'appuie principalement sur trois concepts:
la perception à l'origine de l'esprit, l'impression vive qui s'impose, l'idée comme trace affaiblie de l'impression.
"Une passion est une existence primitive ou, si vous le voulez, un mode primitif d'existence et elle ne contient aucune qualité représentative qui en fasse une copie d'une autre existence ou d'un autre mode. Quand je suis en colère, je suis actuellement dominé par cette passion et, dans cette émotion, je n'ai pas plus de référence à un autre objet que lorsque je suis assoiffé, malade ou haut de plus de cinq pieds. Il est donc impossible que cette passion puisse être combattue par la vérité et la raison ou qu'elle puisse les contredire; car la contradiction consiste dans le désaccord des idées, considérées comme des copies, avec les objets qu'elles représentent."
Hume (Traité de la nature humaine)
Mouvement du texte:
1- par sa caractéristique essentielle une passion est extérieure à toute représentation et donc insensible à tout ce qui pourrait s'appuyer sur une représentation.
2- Exemple de passion pour montrer que la colère par sa caractéristique essentielle n'a aucun rapport avec un objet qu'elle représenterait bien ou mal.
3- Conclusion du raisonnement: puisque la passion est extérieure à la raison, sans aucune communication possible, il est impossible que la raison puisse combattre ou même s'opposer à une passion. Le raisonnement qui met en avant la vérité, la réalité, des arguments, ne peut atteindre la passion.
A suivre
Joseph