Paul Ricoeur: la renaissance?

ce forum juste pour honorer la disparition du philosophe Paul Ricoeur.

Comme souvent, seuls les philosophes croyants ont le soucis des autres et désespérement cherchent à domestiquer la bête humaine.



Monsieur,

Ne connaissant pas suffisamment votre oeuvre je ne puis malheureusement faire vôtre apologie.

En revanche votre trajectoire tant dans votre vie que dans votre recherche philosophique vont m'inciter à vous découvrir par vos écrits.
Il m'apparait dès aujourd'hui que l'esprit de vos livres risque très probablement d'infléchir le mien.

Comment vous marquer mon estime pour le philosophe religieux que vous fûtes si ce n'est en comprenant vos idées et en les intégrant en moi même?

Pour certains hommes, la fin de vie est un lever de soleil éblouissant.

Monsieur, je vous remercie pour ce que je perçois que vous fûtes.

cordialement et spirituellement vôtre.

Paul Ricoeur, quelques ouvrages :

1 - La critique et la conviction : entretien avec François Azouvi et Marc de Launay (1995)
2 - Réflexion faite : autobiographie intellectuelle (1995)
3 - Parcours de la reconnaissance (2004)
4 - Sur la traduction (2004)
5 - La mémoire, l'histoire, l'oubli (2003)
6 - Ce qui nous fait penser - La nature et la règle (2000)
7 - Lectures, vol 1 : autour du politique (1999)
8 - Lectures, vol 2 : la contrée des philosophes (1999)
9 - Autrement (1997)
10 - L'idéologie et l'utopie (1997)
11 - Le juste (1995)
12 - Le juste 2 (2001)
13 - Soi-même comme un autre (1998)
14 - Du texte à l'action (1998)
15 - Temps et récit, vol 1 : L'intrigue et le récit historique (1991)
16 - Temps et récit, vol 2 : La configuration et le récit de fiction (1991)
17 - Temps et récit, vol 3 : le temps raconté (1991)
18 - La métaphore vive (1997)
19 - Le conflit des interprétations : essai d'herméneutique (1970)
20 - De l'interprétation : essai sur Freud (1995)
21 - Philosophie de la volonté, tome 1 : le volontaire et l'involontaire (1988)
22 - Philosophie de la volonté, tome 2 : finitude et culpabilité suivi de La symbolique du mal (1988)
23 - Histoire et vérité (2001)
24 - A l'école de la phénoménologie (2004)
25 - Entretiens (1999)
26 - Karl Jaspers et la philosophie de l'existence (2000)
27 - Penser la Bible (2003)
28 - Le mal, un défi à la philosophie et à la théologie (2004)
29 - Lectures, vol 3 : aux frontières de la philosophie (1994)
30 - l'Herméneutique biblique (2001)


« … sur la nécessité de reconstruire une ontologie originale. », la formule n’est pas de moi.

Il semblerait que cette nécessité soit mise en question dans la pensée de Paul Ricoeur.
Paul Ricoeur fait état d’une fragilité, d’une « faillibilité » pour ce qui caractérise le statut ontologique de l’Homme.
Cette fragilité, il la trouve notamment, dans ce qu’il repère comme « la disproportion de soi à soi-même ».

« Dire soi n’est pas dire je ».
Qu’est-ce que cela signifie alors pour la construction de notre identité ?

« Qui est le locuteur du discours ? Qui est l'agent de l'action ? Qui est le personnage du récit ? Qui est le sujet de l'acte moral ? »

Voici la proposition de Paul Ricoeur, l’identité se formulerait selon deux significations d’ordre fondamental :
- « il y a d'une part l'identité-idem : celle des choses qui persistent inchangées à travers le temps »,
- et « d'autre part, l'identité-ipse, celle qui ne se maintient que par un effort de la volonté, à la manière d'une promesse différée mais tenue. »

C’est dans l’identité-ipse que se retrouverait donc cette construction du soi mais aussi cette nécessité vitale d’en « reconstruire une ontologie originale ».

« Soi-même comme un autre » (1998) de Paul Ricoeur.


Je crois bien, en première instance, que ma curiosité, mon intérêt ainsi que ma nécessité, me porteront vers cet ouvrage-là de Paul Ricoeur.

merci pour votre message

Ainsi l'air du temps m'orienterait plutôt vers "Le mal, un défi à la philosophie et à la théologie" (2004).

Mais je n'oublie pas le choix précedent.

encore merci,

Francois

Bonsoir,

Pour ce qui me concerne, le choix de « Soi-même comme un autre » s’inscrit dans un axe de recherche personnel autour de la naissance psychique, de la constitution du « self », et a fortiori de la construction de l’identité.

Si je devais effectuer un autre choix, ce serait celui de « La mémoire, l'histoire, l'oubli » (2003) ; que je lirais en parallèle avec « La Zone grise » d’Olivier Lalieu, pour lequel, Jorge Semprun, appréciant son travail d’historien, a dit : « Il sera difficile, sinon impossible, de faire mieux. »

Ces deux auteurs, il me semble, se rejoignent sur « cette idée d’une politique de la juste mémoire », autre thème civique cher à Paul Ricoeur.

Mais ce second choix n’est pas si éloigné que cela du vôtre, puisqu’il y traite également, de comment aborder cette question du « Mal absolu » en particulier, selon le mot d’André Malraux, titre de son Discours devant les Rescapés de Ravensbrück (10/05/1975 : Trentième anniversaire de la Libération des camps de déportation).

C’est moi qui vous remercie d’avoir ouvert ce forum sur Paul Ricoeur.
Il y a là manifestement une qualité de pensée à laquelle il ne faudra pas hésiter de se confronter.

Bien à vous.

pour ceux qui comme moi, sont intéressé à la problématique du mal, le petit livre de Paul Ricoeur "le mal", 67 pages, pas difficile à lire, pas cher.

Dense et très instructif.

Rappel sur l'historique de la pensée du mal; des mythes antiques à la dialectique brisée de Barth en passant par la théodicée de Liebnitz.

Vraiment un petit "grand" livre simple comme je les aime :smi

Merci

francois

- AVIS A LA POPULATION -

« Le fil de soie de la légalité »


Ou l’histoire d’une mise en garde contre l’instauration d’une société totalitaire et mortifère – Pour que Le Mal Absolu ne se répète pas (les charniers ne sont finalement pas si loin que cela).
Quand le Capitalisme et sa forme ultra-libéralisante (et non libératrice, je dirais ultra-paralysante) ne sont pas la solution aux maux de la société.

Aujourd’hui semble-t-il, il n’y a qu’un seul Steve Fosset. C’est bien l’incarnation actuelle de cette « Homme qui valait Trois milliards » (du nom de la série TV), le fameux Colonel Steeve Austin.
Steve si tu nous entends ! (comme dirait l’autre).

Quand la réalité dépasse la fiction. C’est ça le rêve américain ! La réalité qui dépasse la fiction…

Enfin bon Steve, nous n’avons rien de spécial contre vous, nous voulons juste poser quelques questions et au-delà prendre la parole.
Peut-être notre seul moyen de nous exprimer quant à nous.

Oui, la parole.
A ce sujet, que peut nous en dire Philippe Breton ? Dans son ouvrage, « Eloge de la parole », il nous enseigne, que dans le monde grec, prendre la parole, c’est un véritable devoir civique ; je le cite :
« La parole, dans l’Agora, se présente comme le plus sûr garant d’un recul de la violence dans les rapports sociaux. La parole, nous dit-il, sort avec le statut d’un idéal pacificateur ».

L’Etat de droit et l’Etat démocratique. Pour que cela ait encore un sens !

C’est quoi un Etat qui pose les conditions réelles et les garanties de l’égalité de tous devant la loi ?
Raymond, tu peux nous répondre ?
Pardonnez cette familiarité, je rectifie alors de suite et re-pose donc ma question à Raymond Aron :
« Le régime constitutionnel est celui où, en dépit de tout, la barrière suprême est un fil de soie, le fil de soie de la légalité. Si le fil de soie de la légalité est rompu, inévitablement se profilera le fil de l’épée ».

Le fil de l’épée… ?!

Et un Etat démocratique ?
Paul, peut-être ?
C’est « un Etat qui ne se propose pas d’éliminer les conflits mais d’inventer les procédures leur permettant de s’exprimer et de rester négociables ». (Paul Ricoeur)


Rester négociables… !!



Pour terminer, tout ce que je vous dis là, je le dois à Monsieur Antonio Fulleda, Magistrat, en ce qui concerne expressément les citations de Messieurs Breton, Aron et Ricoeur.
Si vous voulez vous-même y avoir accès, vous les retrouverez, replacées dans leur contexte initial, à savoir son article « De la parentalité en violence à l’activité médiatrice » dans La Revue d’Action Juridique et Sociale numéro 234 d’Avril 2004.


« Faire que le voisin d’aujourd’hui ne devienne pas l’assassin de demain… » (Jean-Claude Guillebaud : « Le goût de l’avenir », 2003)

Steve, mon American Way of Life à moi, c’est un autre Goût pour l’Avenir !

A méditer, non ?

Je retiens de Soi-même comme un autre deux idées maîtresses :

1) La question de notre identité personnelle se perd en paradoxes sans le secours de la médiation narrative (p.150). C’est lorsqu’on fait le récit de sa vie que s’opère naturellement la transition entre description et prescription morale.

2) Écouter passivement la voix de sa conscience signifie être enjoint par l’Autre (p.406)

Il y a une certaine tension entre action (raconter sa vie) et passivité (écouter) qui ne me semble pas très claire :( . Y a-t-il quelqu’un pour m’expliquer?

Benoit

En tout cas oui merci françois d avoir ouvert cette page j avais dut en entendre parler; et maintenant je le garde en mémoire et suis devenue curieuse de lire et étudier ses écrits; peut être plus particulièrement Soi même comme un autre . Décidément, c'est dans l air pour moi aujourd h ui cette thématique. à bientôt