La nature nous console-t-elle ?

peut-être, pour que la nature nous console, veut-on la prendre comme modèle ?
- Modèle : ce terme prend sens dans deux domaines, au moins. Dans le domaine esthétique, il est le pôle d'une relation dont l'autre terme est la copie.

Dans le domaine éthique, le modèle désigne l'idéal sur lequel calquer un comportement. Bref, le modèle est ce que l'on imite ou ce que l'on suit.

- Nature : la nature peut désigner l'ensemble des choses qui se produisent d'elles-mêmes, par opposition aux productions de l'homme. On oppose ici la nature à l'esprit et l'ingéniosité humains.

On peut aussi entendre un certain mode de régulation des rapports et des échanges entre individus précédant toute tentative d'intervention humaine. On oppose ici la nature et la loi.

- Légitime (serait-ce légitime?): c'est la question du droit. Ajoutons que la question laisse ouverte la possibilité que le droit de prendre la nature comme modèle soit variable selon les domaines.

Considérer la nature comme modèle? (voilà le hic!)
Mais, qu'en est-il de la valorisation de l'immédiat, de ce que l'homme n'a pas produit ? N'y aurait-il pas autant de raisons au moins de valoriser la refléxion, la transformation, le travail et la pensée de l'homme ?

D'autre part, en ce qui concerne la nature comme système de régulation de la vie des individus - sphère éthique - et des rapports interindividuels - sphère juridico-politique -, la nature peut-elle être un modèle de justice, ou la justice doit-elle être instituée à partir d'un modèle que la nature ne saurait proposer ?

1 - LA NATURE ET LA LOI

Calliclès, dans le Gorgias de PLATON, est très net : la nature nous offre le modèle à suivre si l'on veut instaurer une juste société humaine. La nature opère une juste distribution des places et produit un ordre inégal où l'emporte le plus fort, ou le mieux doué. Quant aux plus faibles, il est juste qu'ils supportent cet ordre inégal.

C'est donc, on le voit, en vertu d'un droit aristocratique qu'il est légitime de prendre la nature comme modèle. Pour qui est un tenant de l'odre aristocratique, la nature est un bon modèle.

La question devient donc : si la justice demande de conformer l'ordre humain à un modèle, où chercher ce modèle ? La nature, ce donné, peut-elle servir de modèle à ce que les hommes doivent instituer ? Et SOCRATE objecte à Calliclès que la justice relève de la loi, non de la nature. L'établissement de la loi revient à qui connaît l'égalité et les proportions, dont l'idée est à chercher dans les mathématiques, dans l'esprit lui-même, non dans la nature.

2 - LA NATURE ET L'ESPRIT

On retient de ce qui précède que le droit de prendre la nature comme modèle, outre sa portée idéologique, repose sur le présupposé que la nature a plus de valeur que le produit de l'activité et de la pensée humaines.

Il s'agit alors d'une certaine conception de l'ordre politique juste, on l'a vu, mais aussi, d'une certaine conception plus générale qui inspire la réflexion éthique et esthétique qui prendrait la nature comme modèle ...

Dans ce dernier domaine, il est fréquent de penser que l'art consiste en une imitation de la nature. Déjà, PLATON, condamnait l'art au motif que l'imitation est moins vraie que le modèle.

L'oeuvre d'art est une oeuvre de l'esprit, et, à ce titre, a plus de valeur que ce qui existe d'une existence immédiate, naturelle.

Peut-être que l'esprit, dans son agir comme dans son penser, a lui-même plus de vérité, et donc plus de droit, que la nature.
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Bon peut-être que ça pourra t'aider un peu.

Lucie :bl)