le langage comme condition de la pensée
Mais dans ce cas là, Olivier, comment conçois-tu la naissance du langage et son lien à la pensée. A-t-il été tout d'abord nécessaire de penser pour parler?
Qu'est-ce qu'une idée? Une image d'une chose extérieure, pourrais-t-on répondre. Mais cette chose lorsque j'en parle, à moins de lui donner un nom propre, n'est plus du tout cette chose singulière mais une chose en général, un objet x représentant une certaine classe d'objets tous singuliers mais reconduits à l'identité d'un terme.
Comment dès lors penser une chose sans en avoir le mot? Sans langage il n'y aurait qu'un rapport immédiat à la réalité et toute ma connaissance du monde serait constituée d'expériences singulières et privées. Je ne pourrais parler d'une fleur, j'évoquerai nécessairement cette fleur-ci rencontrée en ce lieu précis à cet instant précis.
Déjà un premier constat, du fait que je n'invente pas mon vocabulaire mais le reçoit d'une communauté linguistique et d'une tradition, il s'ensuit que la très grande majorité des idées qui constituent ma pensée et l'expression de ces idées sont issues d'une construction artificielle. Le langage n'est de ce point de vue pas un simple instrument, car il est porteur des idées qui vont déterminés la possibilité que j'ai de penser ou de ne pas penser tel ou tel genre de phénomène. Le langage anticipe le sens du monde dans lequel je m'inscris.
Je ne suis pas sûr d'être très clair. Me suis-tu?