Sartre, la liberté et la matière.
Bonjour à tous,
depuis que je commence à m'intéresser à l'existentialisme je me pose la question suivante: comme il est dit ailleurs dans le forum, Sartre refuse catégoriquement toute forme de déterminisme, que ce soit le poids de notre vie passée, de notre inconscient ou de notre milieu. Pour lui, l'homme est condamné au choix, et, par une sorte de raccourci, à la liberté: il doit tout assumer de ses choix, et n'a pas le droit au pardon. Cette position me semble extrême, parce qu'il me semble qu'un choix vraiment libre ne peut avoir lieu que dans une totale connaissance de cause et une absence de faiblesse, ce qui n'est absolument pas la condition normale de l'être humain, qui a une histoire, des passions, de la faiblesse. Je sais que Sartre n'envisage rien en dehors de la matière, sa philosophie se veut une réflexion cohérente qui part du principe de l'inexistence de Dieu, de sorte que l'homme est totalement libre. J'ai cherché à comprendre comme un être responsable de ses actes peut émerger de la matière et échapper au déterminisme: je trouve que l'existentialisme ne répond pas à cette questions la, ou je ne l'ai pas compris. Pourquoi la matière n'est pas nécessairement déterministe et objectivisable? ( en ce sens que si un génie omniscient connaissait tout de l'univers à tous les instants de -l' infini à t il pourrait prévoir ce nos choix, ou à défaut que le choix libre ne serait que le résultat d'un processus de hasard déterministe comme en physique quantique, sur lequel on n'a pas prise). Cela dit sans animosité aucune.
Merci pour votre réponse
***29579;
Sartre ne s'arrête pas au simple existentialisme de l'Être et le Néant.
Merleau-Ponty faisait les objections suivantes ***224; Sartre : la libert***233; est un fantasme! Et les d***233;terminismes mon vieux, qu'est-ce que tu en fais?
La r***233;ponse est ***233;bauch***233;e dans La Critique de la raison dialectique en plus de sept cent pages : la libert***233; est m***233;taphysique mais elle s'objective dans l'action, la fameuse "praxis" sartrienne.A cela, on ne change rien ***224; l'***234;tre et le n***233;ant. Mais cette praxis engage toujours des moyens en vue de cette fin cherch***233;e par tout les hommes : l'accomplissement d'eux-m***234;mes.. la "totalisation".
L***224; revient la question des affam***233;s :
Et le d***233;terminisme? Et la mystification?
C'est NOUS QUI LES CREONS dit Sartre : pourquoi?
A cause de la perte de contr***244;le de nombres d'objets que nous fabriquons, le "pratico-inerte" et du hasard qui nous revoit la plupart du temps nos projet d***233;figur***233;s.
Sartre prend l'exemple des paysans chinois : ils ont besoin d'une terre cultivable. il faut donc d***233;boiser la for***234;t. ils engagent des moyens (outillage, organisation...) en vue d'une fin (cultiver). Il vont par l'action transformer l'inerte, l'organique en mati***232;re ouvr***233;e. Or, ils n'avaient pas pr***233;vu que cette transformation du champs inerte allait favoriser des inondations qui mettront en p***233;ril non seulement leur terrain fraichement conquit mais aussi le reste de for***234;t. Le projet est renvoy***233; d***233;figur***233; : ils ont fait librement ce qu'ils ne voulaient pas faire. Ils sont oblig***233;s de travailler ***224; nouveau pour faire reculer les inondation et sont de plus en plus soumis ***224; la nature.
C'est la m***234;me choses avec le portable : on le fabrique et on en devient victimes - Vivre sans portable engage des probl***232;mes qu'ils faudra r***233;soudre par des parades. Nous sommes d***233;terminer par un produit cens***233; nous lib***233;rer. Tout ceci, n'emp***234;che toujours pas, pourtant, la libert***233; de faire et d'agir, car la libert***233; est irr***233;ductible.
Le "pratico-inerte" nous s***233;pare, fait mourirr le dialogue entre les hommes ou le transfigure. C'est l***224; que commence l'"effet mouton".. ce que Sartre appelle la "s***233;rialit***233;". Quand je suis au th***233;***226;tre, montre-t-il, on frappe dans ses mains en cha***238;nes. On le fait alors je vais le faire. On ne le fait "ensemble" mais on le fait dans une salle de spectacle pour un objet construit : une salle et un spectacle.
Personne n'est quelqu'un et tout le monde est personne.
Au del***224; aussi de l'homme, sa libert***233; et l'autre qui me n***233;antise (bref, les lieux communs sur lesquels tous le monde s'entend et tient comme LE sartrisme): il y a d'autre ouvrage et une ***233;volution de la pens***233;e. La r***233;ponse n'est ni dans l'existentialisme ni dans l'Etre et le n***233;ant. La v***233;ritable pens***233;e de Sartre n'est pas marxiste non plus. Elle se sert du marxisme, elle part de lui pour tenter un d***233;passement en y r***233;injectant la libert***233;. Elle est d'accord avec le marxisme pour dire que l'homme est mystifier , mais elle va chercher a d***233;finir la condition de possibilit***233; du d***233;terminisme, c'est-***224;-dire refonder une vue sur la soci***233;t***233; et le monde humain. Car si l'on suit la conception d***233;terministe du marxisme : le combat du patron et du salari***233; ne vaut pas mieux, ***233;crit sartre, que "que le volet qui bat et le mur qui frappe".
Donc, la mati***232;re d***233;termine, mais elle est aussi le moyen de la dialectique existentialiste.
[NB - De plus, si l'homme est "condamn***233; ***224;***224; ***234;tre libre" il ne faiut jamais oublier la seconde partie de la phrase "il est responsable du monde et de lui m***234;me en tant que mani***232;re d'***234;tre"... ma libert***233; engage des valeurs : attention !]
La Critique de la raison dialectique est un travail ph***233;nom***233;nologique, "existentialiste" (m***234;me si le mot refoule un peu)et surtout sartrien et non marxiste.
Comme quoi Sartre ce n'est pas une sp***233;culation d***233;sincarn***233;e.